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La Trilogie d'Apu

Inde/1955-1958/N&B/ VOST/Drame

Le réalisateur : Satyajit Ray (1921 - 1992)

Fils d'une famille aux multiples activités artistiques (son père et son grand-père étaient peintres, écrivains, photographes), Satyajit Ray est né à Calcutta le 2 mai 1921. Deux ans plus tard, son père meurt; l'entreprise familiale (une imprimerie) est liquidée et le jeune enfant confié à son oncle maternel.

Après avoir obtenu une licence d'économie, Satyajit Ray rentre à l'université de Santiniketan (1940-1942) qui est sous la direction de son créateur, le grand poète indien Rabindranath Tagore. Là, il s'initie à toutes les formes d'arts graphiques et étudie les arts de tous les pays sans que soient sacrifiés les traditions indiennes et leurs idéaux ainsi que le souhaite l'esprit de cette université.

De retour à Calcutta, il crée le premier ciné-club indien, la Calcutta Film Society, puis devient directeur artistique dans une agence de publicité britannique. Cette activité le conduit deux années durant (1949-1950) à Londres et il en profite pour découvrir tous les grands classiques du cinéma européen. C'est la méthode de tournage employée par De Sica dans Le voleur de bicyclette qui l'encouragea à préparer, en indépendant, son premier film tiré d'un livre "Pather Panchali" dont il avait illustré la couverture...

{slide=détail de la trilogie}

Le tournage de ce film, premier d'une trilogie sur l'enfance (Pather Panchali, Aparajito, Apur Sansar) dura deux ans et demi. Ces difficultés n'apparurent pas à l'écran puisqu'il reçut le Prix du Document Humain à Cannes en 1956 et obtint un très grand succès en Inde. Satyajit Ray s'intéressa aussi à la condition de la femme dans Mahanajdeva et Charulata.

Puis, dans les années 70, il cessa de tourner des films situés dans le passé pour explorer les problèmes contemporains de l'Inde.

Ravi Shankar a composé la musique de film pour la Trilogie d'Apu. Satyajit Ray est l'auteur de toutes les musiques de ses autres films dont il assure également les cadrages.

 

Les films essentiels

1955 La complainte du sentier (Pather Panchali)
Dans un petit village du Bengale, un enfant prénommé Apu, naît dans une famille de pauvres gens, où il y a déjà une fillette, Durga. La vie est dure et le père, un lettré qui vit dans ses rêves, ne parvient pas à nourrir tout le monde.

1957 L'invaincu (Aparajito)
1920, Apu et ses parents habitent à Bénarès, la ville sainte de l'hindouisme. Mais bientôt, victime d'un malaise sur les "ghats", le père meurt, et la mère décide de revenir à la campagne avec Apu, en souhaitant qu'il devienne prêtre. Cependant, Apu désire poursuivre ses études, et sa mère finit par accepter, sacrifiant toutes ses ressources pour lui.

1958 Le salon de musique (Jalsaghar)
Roy, aristocrate de la caste de "Zamindar", propriétaire terrien oisif, médite. Assis, sur la terrasse de son palais, le regard vide, braqué sur l'horizon marin, il songe à sa grandeur passée. À cette époque, imbu de la noblesse de sa caste, de ses droits, et de ses vertus, le Maharajah satisfaisait à sa passion pour la musique et la danse en organisant des réceptions toujours plus ruineuses dans le salon de musique.

1959 Le monde d'Apu (Apur Sansar)
À Calcutta, dans les années trente, Apu doit renoncer à poursuivre ses études, et cherche du travail, sans succès : soit on lui rétorque qu'il est trop qualifié, soit on ne lui laisse qu'un travail vraiment ingrat.

1960 La déesse (Maharajdevi)
A Chandipur, Kalikinkar Roy, riche propriétaire terrien, voue un culte profond à la déesse Kali. Ses deux fils, l'un et l'autre mariés, ont une attitude bien différente devant le sentiment religieux de leur père

1964 Charulata
1879, dans une Inde en effervescence et un Bengale en pleine renaissance culturelle... Le riche bourgeois libéral Bhupati s'efforce de lutter contre la domination britannique et rêve d'une défaite des Conservateurs aux prochaines élections qui amènerait un gouvernement tenant compte des intérêts de l'Inde. Pour cela, il consacre son temps et sa fortune au petit journal politique qu'il a créé : " La Sentinelle". Cette passion, cet engagement, l'éloigne peu à peu de Charulata, son épouse.

1977 Les joueurs d'échec (Shairanj Ka Kilhari)
Mir et Mirza, propriétaires terriens du Royaume musulman d'Oudh, se livrent à d'interminables parties d'échecs en fumant leur "hooka". En cette année 1856, la Compagnie des Indes songe fortement à annexer le royaume et à déposer le souverain Wajid

La Trilogie d'Apu

Les films composant la Trilogie d'Apu sont adaptés d'un roman-feuilleton de Bibhutibhsan Banerjee, publié dans un périodique populaire à partir de 1928. Seize ans après, Ray, fraîchement sorti de l'école d'arts plastiques, illustre une réédition pour enfants et il en pressent déjà toutes les possibilités cinématographiques : " J'ai choisi Pather Panchali pour ses qualités qui en font un grand livre : son humanisme, son lyrisme et sa vérité. (...) Le script devait conserver le caractère désordonné du roman, parce que c'était ainsi, et ainsi seulement, que l'on pourrait lui garder son cachet d'authenticité : le désordre est en effet une des caractéristiques de la vie dans un village du Bengale " (Satyajit Ray). Cette fresque dramatique retrace l'apprentissage d'un homme confronté à la réalité du monde, l'humble existence des familles, le rythme des saisons, la mort inextricablement liée à la vie. Une grande partie du roman de Banerjee est autobiographique, et évoque la vie rurale du Bengale.

1. La complainte du sentier

(Pather Panchali)
Inde/1955/1h55/N&B/VOST (Bengali/Fr)/Drame de l'enfance

Générique

Réalisateur : Satyajit Ray
Scénario : Satyajit Ray, d'après le roman "Pather Panchali" de Bibhutibhusan Banerjee
Acteurs : Kanu Banerjee (Harihar Ray), Karuna Banerjee (Sarbajaya Ray), Subir Banerjee (Apu), Runki Banerjee (Durga à six ans), Uma Das Gupta (Durga à douze ans), Chunibala Devi (Indir Thakurum), Reba Devi (Seja Thakrun), Aparna Devi (Madame Nilmoni), Tulsi Chakravarty (Prosanna, le maître d'école), Binoy Mukherjee (Baidyanath Majumdar), Haren Banerjee (le marchand de bonbons), Harimohan Nag (le médecin), Haridhan Nag (Chakravarty), Nibhanani Devi (Dasi), Kshirod Roy (le prêtre), Roma Ganguli (Ranu), Putul Rani (Tunu), Manju (Teppy), Shyamal (Sude), Aparna Sen (Bini)
Image : Subrata Mitra
Montage : Dulal Dutta
Musique : Ravi Shankar
Direction artistique : Bansi Chandragupta
Production : Productions Satyajit Ray, Gouvernement du Bengale Ouest

Le film

apu-la-complainteDans un petit village du Bengale, un enfant prénommé Apu, naît dans une famille de pauvres gens, où il y a déjà une fillette, Durga. La vie est dure et le père, un lettré qui vit dans ses rêves, ne parvient pas à nourrir tout le monde. Durga et sa mère pilent le manioc et épluchent les légumes. Apu grandit et va à l'école. Il écoute les histoires que lui conte et chante à la veillée Tante Indir:" Je vous attends, ô passeur qui devez me conduire sur l'autre rive. Vous êtes bon et n'abandonnerez pas le pauvre parmi les pauvres... "

Fasciné par une troupe de théâtre ambulant, Apu se déguise en roi. Il court pour voir passer le train... tante Indir meurt. Le père, en sa qualité d'ancien Brahmane, est sollicité pour présider une cérémonie d'initiation. Il s'absente pendant plusieurs mois. A son retour, Durga qui a pris froid sous la pluie, est morte. La famille décide alors de quitter cette terre inhospitalière et de partir pour la ville. Un serpent pénètre dans la maison déserte tandis que le char à buffle s'éloigne vers Bénarès...

Premier film, tourné avec un budget dérisoire, de Satyajit Ray. Premier volet de la trilogie de l'histoire d'Apu dont l'auteur ignorait en la racontant qu'elle donnerait lieu à une trilogie. Premier film d'auteur à part entière du cinéma indien, totalement dégagé des genres et des règles traditionnelles du cinéma. On notera particulièrement l'absence totale de chanson.

En quête d'universalité, le film tente de la trouver dans la description d'un contexte très particularisé : un village perdu de Bengale au début du siècle, petit fragment d'un univers dont l'équilibre et les rites séculaires sont encore très présents quoique déjà engagés dans une mutation considérable et irréversible (Déjà ces rites ne suffisent plus à assurer la subsistance de ceux qui sont censés les célébrer). Apu découvre autour de lui un monde de relations et de croyances qui existe encore dans une sorte d'éternité. Mais cette éternité touche en quelque sorte à sa fin. Elle va bientôt se briser et, sur cette cassure, les expériences ultérieures d'Apu nous renseignerons mieux. Pour le moment une apparente immobilité, une apparente sérénité assourdissent encore le bruissement d'une intense agitation souterraine : cette évidence sensible se dégage d'un film qui, première étape d'un long roman d'apprentissage, se termine de manière très significative par le début d'un voyage.

2. L'invaincu

(Aparajito)
Inde/1956/1h48/N&B/VOST (Bengali/Fr)/Drame de l'adolescence

Générique

Réalisateur : Satyajit Ray
Scénario : Satyajit Ray, d'après le roman "Pather Panchali" de Bibhutibhusan Banerjee
Acteurs : Kanu Banerjee (Harihar), Karuna Banerjee (Sarbajaya), Pinaki Sen Gupta (Apu enfant), Smaran Ghosal (Apu adolescent), Santi Gupta (Madame Lahiri), Ramani Sengupta (Bhabataran), Ranibala (Teli), Sudipta Roy (Nirupama), Ajay Mitra (Anil), Charuprakash Ghosh (Nanda), Subodh Ganguli (le directeur de l'école), Mani Srimani (l'inspecteur), Hemanta Chatterjee (le professeur), Kali Banerjee (Khatak), Kalicharan Roy (l'imprimeur), Kamala Adhikari (Moksada), Lalchand Banerjee (Lahiri), K.S. Pandey (Pandey), Meenakshi Devi (Madame Pandey), Anil Mukherjee (Abinash), Harendrakumar Chakravarti (le médecin), Bhaganu Palwan (Palwan)
Image : Subrata Mitra
Montage : Dulal Dutta
Musique : Ravi Shankar
Direction artistique : Bansi Chandragupta
Production : Epic Films

Le film

apu-l-invaincuEn 1920, Harihar Ray est venu s'installer avec sa femme, Sarbojaya, et ses enfants, dont Apu, à Bénarès, la ville sainte de l'hindouisme. Mais bientôt, victime d'un malaise sur les "ghats", le père meurt, et la mère décide de revenir à la campagne avec Apu, en souhaitant qu'il devienne prêtre. Cependant, Apu désire poursuivre ses études, et sa mère finit par accepter, sacrifiant toutes ses ressources pour lui.

Apu travaille remarquablement bien à l'école, et finit par obtenir une bourse pour aller faire des études à Calcutta, au grand dam de sa mère, qui voit son unique soutien disparaître. Elle consent toutefois à lui donner toutes ses économies.

À Calcutta, ville cruelle, Apu doit trouver du travail pour payer ses études et ses frais quotidiens : il étudie le jour, et travaille la nuit à l'imprimerie "Royal Press". Au collège, il fait la connaissance de Pulu, qui devient son ami. À la période des vacances, il rentre au village pour voir sa mère, tombée très malade. Mais il s'ennuie vite, et retourne bientôt à la vie urbaine de Calcutta. Sarbojaya, toujours malade, ne veut pas qu'on dérange Apu, et celui-ci, averti trop tard, en pleine période d'examens, arrive après la mort de sa mère, et ne trouve que son vieil oncle. Il lui dit qu'il accomplira les derniers rites pour elle, avant de repartir pour Calcutta, vers sa vie d'adulte.

Deuxième volet de la trilogie d'Apu. Les personnages sont transférés dans divers lieux : Bénarès, un village, Calcutta. A cause de cela le film est placé sous le signe d'un certain appauvrissement de leur vie sociale et familiale. Mort du père, exil, séparation : Satyajit Ray décrit avec une douceur infinie et une émotion discrètement sublimée, les épreuves que vivent ses héros. A travers toute la durée du film, et plus spécialement dans sa dernière demi-heure, l'accent est mis sur la relation mère-fils ayant, dans la présence comme dans l'absence, une rare intensité. Sollicitude inquiète et parfois jalouse de la mère. Egoïsme instinctif d'Apu, soudain corrigé.

 

3. Le monde d'Apu

(Apur Sansar)
Inde/1958/1h40/N&B/VOST (Bengali/Fr)/Drame de la maturité

Générique

Réalisateur : Satyajit Ray
Scénario : Satyajit Ray, d'après le roman "Pather Panchali" de Bibhutibhusan Banerjee
Acteurs : Soumitra Chatterjee (Apurba Roy), Sharmila Tagore (Aparna), Alok Chakravarty (Kajal), Swapan Mukherjee (Pulu), Dhiresh Majumdar (Shashinarayan), Sefalika Devi (sa femme), Dhiren Ghosh (le propriétaire foncier)
Image : Subrata Mitra
Montage : Dulal Dutta
Musique : Ravi Shankar
Direction artistique : Bansi Chandragupta
Production : Satyajit Ray Productions

Le film

apu-le-monde-d-apuÀ Calcutta, dans les années trente, Apu doit renoncer à poursuivre ses études, et cherche du travail, sans succès : soit on lui rétorque qu'il est trop qualifié, soit on ne lui laisse qu'un travail vraiment ingrat. Par ailleurs, il écrit un roman autobiographique. Son ami Pulu, issu d'un milieu aisé, vient lui rendre visite et l'invite à dîner. Il lui propose un travail de bureau mais l'emmène auparavant dans sa famille, à la campagne, assister au mariage de sa cousine Aparna. Or, celui-ci est compromis, le fiancé ayant perdu la raison. Pour éviter la malédiction qui frapperait la jeune fille si elle ne se mariait pas au jour dit, Pulu demande à Apu de l'épouser. Interloqué, Apu accepte cependant cette offre inattendue, et ramène la jolie Aparna chez lui.

À Calcutta, les jeunes mariés mènent une vie insouciante et heureuse, même si Aparna éprouve du mal à s'adapter à la grande ville. Apu, lui, est devenu un bureaucrate comme tant d'autres. Le couple habite un appartement très modeste, non loin de la voie ferrée, qui rappelle à Apu ses allées et venues à la ville.

Enceinte, Aparna part accoucher dans sa famille, mais elle meurt en mettant au monde son fils, Kajal. Apu, qui rend celui-ci responsable de la mort de sa mère, refuse de le voir, et retourne en ville pour poursuivre la rédaction de son livre dans des conditions matérielles plus que difficiles. Un jour, renonçant à son roman, il part jeter son manuscrit dans la forêt.

Cinq années ont passé. À l'instigation de Pulu, Apu retourne au village de sa femme y retrouver Kajal. Malgré un accueil très dur, il finit par se réconcilier avec lui, et tous deux repartent vers Calcutta.

A chaque étape de sa vie, Apu a dû perdre ou quitter ce qu'il chérissait le plus au monde. Ces épreuves, qui font de la trilogie une saga lyrique de la souffrance et de la frustration, ont pu souvent désespérer Apu. Elles ne l'ont jamais transformé en un être complètement amer. Elles lui ont enseigné les vérités fondamentales de la vie et, lorsque nous le quittons, il est devenu un homme à peu près réconcilié avec lui-même et avec le monde. A mi-chemin entre le pessimisme et la sérénité, le style de Satyajit Ray tend à accorder le plus de prix possible à chacun des instants, des décors, des paysages, des rencontres qui ont jalonné l'itinéraire et l'apprentissage du héros.

Il est étonnant de constater avec quelle économie de moyens Satyajit Ray réussit à rendre attachants ses personnages et, par exemple, celui d'Aparna, l'épouse d'Apu, dont la vie est si brève dans le récit et la mort si déchirante pour le spectateur.

Les secrets de l'art de Satyajit Ray sont plus simples à énumérer qu'à utiliser : la contemplation, l'attention passionnée aux être, la lenteur du rythme (qui n'empêche pas l'arrivée de beaucoup d'événements) et un recours très habile et quasi invisible mais idéalement adaptés à l'effet particulier qu'ils veulent produire. Ainsi la présence d'Aparna est-elle prolongée dans le récit, avant l'annonce brutale de sa mort, par sa lecture en voix off de la lettre qu'elle a écrit à Apu et que celui-ci relit au bureau, dans l'autobus et sur le chemin de la maison.

Source :

http://www.cineclubdecaen.com/realisat/rays/rays.htm
http://satyajitray.ucsc.edu/filmography.html
http://www.films-sans-frontieres.fr/
Jacques Lourcelles, dictionnaire du cinéma

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